

Une fuite de documents a révélé comment les établissements financiers du monde entier sont impliqués dans le mouvement de milliards de dollars d’argent illégal.
Les dossiers FinCEN comprennent plus de 2100 déclarations d’activités suspectes (DAS) soumises au réseau FinCEN par de nombreuses établissements bancaires et financiers entre 1999 et 2017. Ces documents ont été examinés par un groupe de journalistes internationaux et partagés avec des organes de presse dans 88 pays. L’enquête a révélé non seulement l’ampleur du blanchiment d’argent au niveau international, mais aussi la complicité d’établissements financiers et d’autorités réglementaires qui n’ont pas réussi à empêcher des activités criminelles potentielles une fois qu’ils en ont eu connaissance.
Les documents FinCEN qui ont fuité contiennent des révélations sur des personnes et des établissements financiers spécifiques. Les principaux points forts de l’enquête ont révélé que :
Si de précédentes fuites de documents médiatisées ont mis en lumière de la corruption institutionnelle et des activités criminelles, ces révélations n’avaient pas la même ampleur que celles liées aux dossiers FinCEN. Des fuites comme celles des Panama Papers (2016) et des Paradise Papers (2017) ont révélé des actes répréhensibles commis par un ou deux établissements de manière relativement isolée. En revanche, les dossiers FinCEN concernent de nombreux établissements financiers de premier plan à travers le monde et apportent un éclairage sur des faiblesses législatives structurelles et des soupçons d’actes répréhensibles s’étendant sur plusieurs décennies.
Plus précisément, les fuites FinCEN indiquent que de nombreuses entreprises mondiales ne s’attaquent pas aux activités suspectes qui leur sont signalées par leurs procédures internes de lutte contre le blanchiment d’argent (LCB) et qu’elles les laissent se poursuivre, y compris après avoir envoyé des déclarations aux autorités. Même si ces déclarations DAS n’indiquent pas forcément une activité criminelle, les fuites du bureau FinCEN révèlent aussi que les autorités réglementaires ne donnent pas suite aux déclarations qu’elles reçoivent et qu’elles n’enquêtent pas sur le risque d’activité criminelle signalé par les banques.
Cette inertie face à une activité suspecte laisse à penser que les réglementations LCB n’ont pas l’effet escompté dans le cadre de la lutte mondiale contre le blanchiment d’argent. En effet, une fois qu’un établissement a rempli son obligation de conformité en soumettant une déclaration DAS au FinCEN, il n’est plus pénalement responsable d’un risque de blanchiment d’argent qui est en train de se produire et il n’a aucune raison de bloquer les transactions ou de geler les comptes de clients.
En réaction aux documents ayant fait l’objet d’une fuite, le FinCEN a averti que les révélations pourraient avoir un impact sur les enquêtes LCB en cours, compromettre la sécurité nationale des États-Unis et même menacer la sécurité des employés des établissements nommés dans les documents. Néanmoins, le FinCEN a décidé de réviser la réglementation américaine en matière de lutte contre le blanchiment d’argent en publiant un avant-projet de réglementation qui invite l’industrie à faire part de ses commentaires sur les changements à apporter à la loi sur le secret bancaire (BSA). De même, le Royaume-Uni a annoncé des plans de lutte contre la fraude et le blanchiment d’argent en réformant la Companies House, l’équivalent britannique du registre du commerce et des sociétés, notamment en imposant la vérification de l’identité et en donnant des pouvoirs accrus pour « interroger, enquêter et supprimer les fausses informations » au sein des dossiers des clients.
Les régulateurs internationaux devraient suivre l’exemple des États-Unis et du Royaume-Uni en renforçant leur cadre de lutte LCB grâce à une surveillance accrue des paradis fiscaux et des pays à haut risque. Ces changements juridiques peuvent aller d’une plus grande attention portée à la lutte LCB à des changements en profondeur du processus de déclaration d’activités suspectes. Toutefois, si les dossiers FinCEN offrent une opportunité pour réformer le paysage de la lutte LCB, les observateurs soulignent que les changements réglementaires ne sont pas une solution miracle et qu’ils sont souvent conditionnés par les coûts de mise en conformité que les grands établissements financiers peuvent ou souhaitent assumer.
Quel que soit l’impact éventuel, les dossiers FinCEN ont mis en évidence l’ampleur du défi que le blanchiment d’argent pose aux systèmes financiers mondiaux. Pour relever le challenge, il faudra non seulement que le législateur intervienne, mais aussi que les autorités et les institutions financières opèrent un changement culturel plus vaste.
La Regtech, cet ensemble de nouvelles technologies au service de la réglementation financière, est une solution pour assumer les coûts de mise en conformité dans un paysage LCB réformé. Une technologie intelligente de lutte contre le blanchiment d’argent intégrant des systèmes automatisés basés sur l’intelligence artificielle et l’apprentissage automatique peut aider les établissements à gérer les énormes volumes de données nécessaires à leur mise en conformité LCB et à s’adapter aux changements de comportement de la clientèle que les mesures de supervision traditionnelles ne prennent pas toujours en compte.
Concrètement, cette technologie intelligente pourrait améliorer tout un éventail de processus LCB essentiels, notamment l’obligation de vigilance à l’égard de la clientèle ainsi que le filtrage de la couverture médiatique négative et des sanctions. Outre les avantages qu’offrent l’IA et l’apprentissage automatique en termes de rapidité et d’efficacité, les entreprises pourraient aussi se connecter et communiquer plus efficacement avec des autorités de règlementation telles que le FinCEN, ce qui garantirait un traitement et une analyse des DAS plus rapides, cohérents et efficaces.
Publié initialement 26 octobre 2020, mis à jour 06 décembre 2021
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