Comment gérer les risques LCB liés à la chaîne d'approvisionnement en 2023
Conformité LCB-FT ArticlesDans le cadre de notre enquête 2022 auprès de professionnels de la conformité à travers le monde, 45% des établissements financiers ont déclaré que les risques liés à la chaîne d’approvisionnement étaient le domaine que leur entreprise cherchait à améliorer en priorité. Il est probable que cette préoccupation soit essentiellement liée à l’intersection entre des chaînes d’approvisionnement complexes et un environnement économique volatile. L’instabilité qui en découle, notamment la nécessité pour les entreprises de rechercher rapidement de nouveaux fournisseurs en raison de la rareté de certaines marchandises, présente des risques évidents de blanchiment d’argent. Alors que les autorités de régulation s’intéressent toujours plus à la résilience opérationnelle, quelles sont les mesures que les professionnels de la conformité financière peuvent prendre pour intégrer des processus exhaustifs de lutte contre le blanchiment d’argent (LCB) au niveau des chaînes d’approvisionnement ?
Trois étapes pour bien gérer les risques liés à la chaîne d’approvisionnement
À la lumière d’un paysage de la chaîne d’approvisionnement en pleine évolution, Iain Armstrong, spécialiste des affaires réglementaires internationales chez ComplyAdvantage, partage trois idées majeures concernant la gestion des risques associés.
1. Une obligation de vigilance accrue
Alors que les sanctions internationales continuent de s’intensifier, le risque de violations est élevé. Dès le tout début du conflit en Ukraine, les sanctions contre la Russie ont durement frappé les chaînes d’approvisionnement mondiales et les effets de ce programme de sanctions seront d’autant plus importants à travers le monde que les réglementations seront contraignantes.
Toutefois, Ian Armstrong fait valoir que les tensions avec la Russie ne sont que la partie émergée de l’iceberg. « En raison de tensions toujours vives avec la Chine, un acteur bien plus important que la Russie en termes de chaînes d’approvisionnement mondiales, les établissements devront envisager une approche globale de l’obligation de vigilance accrue pour toute relation ayant un lien, même indirect, avec ces juridictions. Face à des fraudeurs aux sanctions toujours plus imaginatifs pour garder une longueur d’avance sur les régulateurs, les établissements doivent adopter une vision structurée et exhaustive des risques liés aux chaînes d’approvisionnement.
Les processus d’obligation de vigilance accrue (EDD) peuvent les y aider. Par conséquent, les établissements qui cherchent à mettre en place un puissant cadre EDD pour les chaînes d’approvisionnement doivent l’intégrer dans un programme d’obligation de vigilance à la fois complet et fondé sur les risques. Les exigences peuvent notamment porter sur :
- L’évaluation des risques liés à la chaîne d’approvisionnement – Veillez à actualiser les évaluations concernant les risques et l’appétit pour le risque. Ces évaluations doivent tenir compte de l’évolution des relations avec les clients, des nouveaux secteurs ou activités importants ainsi que des risques spécifiques qu’ils peuvent poser.
- Le bénéficiaire ultime (UBO) – Les personnes à haut risque associées à un compte d’entreprise peuvent nécessiter une EDD. Les processus doivent permettre d’identifier efficacement les UBO ainsi que les principaux décideurs.
- La couverture médiatique négative – Un prospect associé à des sanctions, à des informations médiatiques négatives et à d’autres médias défavorables peut déclencher une EDD. Filtrer les fournisseurs et les tierces parties par rapport à ces données peut également alerter les établissements sur les risques d’esclavage moderne tels que la traite d’êtres humains. Pour plus de précisions, il est utile de synchroniser les processus de filtrage avec les données en temps réel sur les actualités négatives.
- Les données actualisées sur les sanctions – Coordonnez les processus de connaissance de l’entreprise cliente (KYB) avec des informations en temps réel sur les sanctions. Même une association vague avec une activité, des entités ou des régions sanctionnées peut nécessiter une EDD.
- L’identification des clients à risque – Les clients de la chaîne d’approvisionnement associés à des régions et à des activités à haut risque, même de manière indirecte, peuvent nécessiter une EDD.
2. Une attention accrue à la connaissance de l’entreprise cliente
Une approche puissante de l’EDD pour la chaîne d’approvisionnement requiert une attention accrue en termes de KYB. Les établissements doivent accorder une attention toute particulière aux partenaires commerciaux à risque, y compris à leur relation avec l’ensemble de la chaîne. C’est ainsi qu’un partenaire commercial qui semble présenter peu de risque en tant que tel peut avoir des liens avec des entités à risque.
En décembre 2022, l’administration Biden a ainsi annoncé son intention de mettre sur liste noire Yangtze Memory Technologies (YMTC) et 30 autres entreprises technologiques chinoises après des mois de pression de la part des législateurs américains. Les États-Unis cherchent aussi à conclure un accord avec les Pays-Bas et le Japon pour empêcher les entreprises relevant de ces trois juridictions d’exporter vers la Chine des fournitures entrant dans la fabrication de microprocesseurs.
Ian Armstrong fait remarquer que « pour revenir sur l’importance de la KYB », les établissements traitant avec des clients commerciaux devront faire attention à tout lien potentiel que ces derniers pourraient entretenir avec des chaînes d’approvisionnement impliquant la fabrication de semi-conducteurs, des plaquettes de silicium et des technologies connexes. Dans notre enquête sur la conformité, 34 % des répondants ont déclaré qu’ils prévoyaient de remplacer ou de mettre à niveau leurs solutions KYB en 2023. Et en 2021, Fatpos Global prévoyait que le marché de la KYB électronique passerait d’environ 150 millions de dollars en 2020 à plus de 533 millions de dollars en 2030.
Pour renforcer leurs processus KYB, les établissements doivent vérifier si les procédures CDD en place intègrent des processus adaptés à une clientèle d’affaires. Les principaux critères à prendre en compte sont notamment :
- Les risques liés à la chaîne d’approvisionnement propres à une activité dépendront des évaluations des risques actualisées afin de reconnaître les différences majeures entre les risques liés à des individus et à des entités commerciales.
- Les risques liés aux fournisseurs de solutions de conformité – Les fournisseurs qui proposent des solutions de conformité et de KYB doivent également faire l’objet d’un examen approfondi. En effet, même s’ils aident les établissements à atténuer les risques liés à la chaîne d’approvisionnement, ils n’en restent pas moins un maillon de cette même chaîne et doivent donc être filtrés en conséquence.
3. Des processus hautement résilients
Et Ian Armstrong de conclure « qu’en plus de bien connaître la nature actuelle des chaînes d’approvisionnement, les établissements doivent évaluer l’impact potentiel de changements soudains et s’assurer d’avoir intégré un maximum de résilience à leurs processus. En effet, les perturbations peuvent générer des effets d’entraînement sur de nombreux marchés où la chaîne d’approvisionnement est complexe. Ces effets sont liés aux pressions économiques, à la hausse de la criminalité financière et à l’évolution des exigences réglementaires.
Pour soutenir la résilience de la chaîne d’approvisionnement dans un écosystème en mutation rapide, les établissements doivent entretenir une collaboration transparente avec leurs clients. Les perturbations exacerbées par la pandémie ont favorisé le développement d’une collaboration internationale et d’une transparence au niveau de la chaîne d’approvisionnement. Lorsque les pays et les fournisseurs collaborent au niveau international en partageant des données critiques sur les risques et les éventuelles perturbations, les chaînes d’approvisionnement sont beaucoup plus résilientes et rendent les bouleversements et les ajustements moins perturbants pour tous. En outre, les données collaboratives peuvent favoriser une gestion efficace des risques LCB-FT au niveau de la chaîne d’approvisionnement.
Utiliser la technologie pour atténuer le risque lié à la chaîne d’approvisionnement
Les établissements qui cherchent à améliorer la gestion des risques liés à la chaîne d’approvisionnement doivent trouver un équilibre entre ce risque et les contraintes commerciales traditionnelles. Ainsi, la nécessité de rendre la KYB plus efficace en termes de gestion des risques est en contradiction avec le besoin de rationaliser l’entrée en relation d’affaires des clients légitimes. Mais l’augmentation des offres sur mesure des fournisseurs soutenues par des technologies de dernière génération peut contribuer à résoudre bon nombre de ces problèmes urgents du secteur.
Comment les établissements peuvent-ils tirer parti de cette technologie pour améliorer leurs solutions ? Des technologies comme l’intelligence artificielle, la biométrie et les API REST peuvent leur permettre de rationaliser et d’intégrer des services de gestion des risques. En s’appuyant notamment sur des API, les établissements peuvent superposer différentes approches telles que la vérification d’identité, la criminalistique numérique, l’analyse comportementale et le regroupement d’identités pour favoriser une gestion des risques à la fois puissante et spécifique. Les technologies nouvelles et évolutives, notamment celles fournies par l’apprentissage automatique, sont en mesure d’ingérer et de manipuler un volume de données supérieur de manière plus sophistiquée et font donc évoluer rapidement la capacité de détection du blanchiment d’argent dans le cadre de transactions commerciales.
Connue sous le nom d’orchestration, cette approche multidimensionnelle permet aux établissements de cibler plus efficacement les acteurs malveillants tout en facilitant les processus de leurs clients intègres. En outre, la souplesse et l’évolutivité de ces solutions de haute technologie offrent une plus grande agilité et favorise des relations plus résilientes au sein de la chaîne d’approvisionnement. En s’appuyant sur des solutions plus récentes, plus économiques et plus puissantes, les établissements sont en mesure de gérer plus efficacement les risques liés à la chaîne d’approvisionnement.
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Publié initialement 06 mars 2023, mis à jour 06 mars 2023
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